La photographe Valérie Nagant vit et travaille depuis 2008 à Bruxelles, après quinze années passées au Moyen-Orient. Elle étudie la photographie au New York Institute of Photography et fait ses premières armes comme assistante d’un grand photographe au Moyen-Orient. Il lui apprend la précision, le perfectionnisme et la rigueur. Elle a travaillé intensément, dans différents domaines de la photographie (publicité, magazine, monde équestre, mode…), mais les portraits, au sens large du terme, restent sa prédilection.

 

Sa première série, Unseen Real, qui date de 2013, est exposée à New York, Bruxelles et Paris. Elle y représente des femmes prises en noir et blanc. Un visage, un corps, une jambe sont en réalité photographiés à partir du mannequins de vitrine, de photos ou de statues. C’est pas des jeux de reflets et une maîtrise de la lumière que leur vie prend forme. Le spectateur est témoin d’un jeu complexe entre la réalité et sa reproduction. Dans cette disposition, surréaliste, l’esthétique et la sensualité de ce travail nous dévoilent un monde méconnu. La photographe vit, à cette époque-là, entre deux mondes. Elle ne sait plus lequel est le sien, mélange tout.

 

Puis, ce sera l’aventure Femmes de cinéma.
Valérie se plonge dans un nouveau monde.
Elle étudie ces femmes, les regarde, les appréhende.
Elles correspondent, et puis elle les rencontre, une à une.
Cette complicité d’une année de travail dans l’intimité donne sens et naissance à son projet.

Si on ne ressent pas une photographie, si elle ne nous emmène pas, elle ne m’intéresse pas. Le vrai, l’intime, raconter des vies, des histoires, des émotions, et faire naître des images inattendues, c’est ce qui se découvre quand la photographe nous présente l’univers d’une personne. Quand je prends une photo, ce n’est pas une moment que je vole. Je m’avance un peu dans une vie, je touche à chaque fois un monde nouveau où je ne peux rien perdre, tout en considérant ses limites. Je ne suis pas dans la performance, ça ne m’intéresse pas. Je suis dans l’obsession de la présence. Elles m’ont donné accès à leurs émotions, j’ai retrouvé le chemin des miennes.

 

La photographie est au cœur de la vie de Valérie, son travail contemporain à ce qu’elle vit. C’est une condition sine qua non que l’on retrouve dans toute son approche photographie. Il ne serait pas juste de traduire les photographies de l’artiste comme de simples moments privilégiés et intenses. Sa désobéissance photographie et son côté vital créent des images inattendues, parfois mélancoliques. On sent l’intimité engagée, ses épreuves personnelles, son monde, et tout nous convie à un long moment de vécu. Un moment qui a son propre passé et ses traces. Elle va loin et a le sens de l’humain.

Grâce à ce mélange particulier d’intuition, de rigueur, d’indiscipline, de liberté et d’obstination qui n’appartient qu’à elle, Valérie réussit à faire naître des images particulières et nous emmène dans son monde.

Cette artiste nous pousse toujours à regarder plus intensément.